El tema central de este Blog es LA FILOSOFÍA DE LA CABAÑA y/o EL REGRESO A LA NATURALEZA o sobre la construcción de un "paradiso perduto" y encontrar un lugar en él. La experiencia de la quietud silenciosa en la contemplación y la conexión entre el corazón y la tierra. La cabaña como objeto y método de pensamiento. Una cabaña para aprender a vivir de nuevo, y como ejemplo de que otras maneras de vivir son posibles sobre la tierra.

lunes, 19 de noviembre de 2012

El mito de la cabaña



Le mythe de la cabane
Source: artsculture.education.fr/
24-07-2012

Extraits d’une conférence donnée à l’Institut français d’architecture le 13 mars 2002 (Réalités et mythes de la cabane dans l’histoire de l’architecture de 1750 à 1930) par Dominique de Font-Réaulx, conservateur au musée d’Orsay et commissaire de l’exposition.


Dès l’Antiquité, la cabane est considérée comme un modèle à l’origine de l’architecture. Mais c’est au 18e et au 19e siècle que se développe le mythe de la cabane, symbole de l’état de nature cher au philosophe Jean-Jacques Rousseau.

L’origine de l’architecture ?
La cabane serait née du besoin des hommes de se ménager un abri contre les intempéries. Telle est l’analyse du premier théoricien de l’architecture, Marcus Vitruvius Pollio (Vitruve), qui écrit à Rome il y a environ 2 100 ans un traité intitulé De architectura. Et d’ailleurs, on sait que longtemps les Romains ont entretenu sur le mont Palatin une cabane de chaume connue sous le nom de “cabane de Romulus”. Des fouilles effectuées en 1948 ont effectivement confirmé l’existence de cette construction. Ce modèle d’habitat primitif fondait en quelque sorte la naissance de l’architecture. Et l’on retrouvait souvent la représentation d’une hutte primitive sur les vases qui recueillaient les cendres des défunts.

Au 18e siècle, alors que vont se développer les théories rousseauistes sur l’état de nature , le mythe de la cabane comme origine de l’architecture se développe. Ainsi l’académicien Charles Batteux (in Les Beaux-arts réduits à un même principe) écrit :“Ainsi, quand il eut senti, par exemple, l’incommodité de la pluie, il chercha un abri. Si ce fut quelque arbre touffu, il s’avisa bientôt, pour mieux assurer le couvert, d’en serrer les branches, de les entrelacer, de joindre entre elles celles de plusieurs arbres, afin de se procurer un toit plus étendu, plus commode pour sa famille, pour ses provisions, pour ses troupeaux.”
Pour construire une cabane, peu d’éléments sont nécessaires, et elle permet dès lors de s’abriter des éléments et d’abriter la famille autour du foyer. La cabane peut, ainsi, être considérée comme le point de départ d’une histoire de la maison et le modèle de toute architecture.

La cabane idéale et idéalisée
Construire une cabane est un rêve d’enfant. Elle place l’enfant au cœur de son environnement, le plus souvent en pleine nature. Un abri de bric et de broc patiemment construit durant l’été au fond du jardin, pour se réfugier, jouer et rêver ou même un carton géant détourné de sa fonction d’emballage et planté dans la chambre font partie des grands classiques de l’enfance. Une sorte de petit espace à soi dans le grand tout que constituent l’appartement ou la maison familiale.

Ce havre de paix et d’aventure est aussi un rêve d’adulte. Ainsi les cabanons provençaux des calanques ou les cabanes à outils des jardins ouvriers remplissent cette fonction de refuge et de villégiature modeste. D’ailleurs, la cabane, métamorphosée par l’argent et les traditions architecturales locales, est aussi en partie à l’origine, au cours du 19e siècle, de ces maisons de vacances qui ont fait grand usage du bois : villa anglo-normande, villa landaise ou basque, chalet savoyard.

“Celles-ci établissent un lien très fort entre leur propriétaire et la nature, nature immédiate (les matériaux employés, le jardin) et plus lointaine (la mer, les dunes ou la montagne). Ces lieux de villégiature, cabanes luxueuses, sont le plus souvent vécus comme des lieux de retour à soi-même, où, à la fois, protection et liberté sont possibles. La liberté de leurs développements architecturaux, liés aux demandes, reflets des besoins intérieurs de leurs commanditaires, en témoigne.” 1
Tout récemment, on assiste au retour de la cabane en tant que telle. Mais ces cabanes perchées sont un rêve assez coûteux à réaliser.

Cabanes utilitaires et cabanes du monde
La cabane n’est pas seulement la première habitation construite par l’homme, ni un modèle pour l’architecture. Ses petites sœurs nous sont familières : cabanes utilitaires et cabanes du monde.

Les cabanes utilitaires
À côté de ces maisons qui doivent, en partie, leur structure et leur esprit au modèle de la cabane, il existe d’innombrables cabanes dites utilitaires. Ce qui signifie que leur destination est clairement établie et qu’elle est, en général, unique.
Certaines doivent leur existence à la pratique d’un métier, d’autres à celle d’un loisir, voire à un usage hygiéniste.

Côté métiers, si les cabanes des bûcherons, que l’on appelait des loges, celles des charbonniers ou celles des gemmeurs qui dans les Landes récoltaient la résine des pins jusqu’au milieu du 20e siècle, ont disparu, les cabanes des vignerons ou des bergers, en revanche, souvent construites en pierres sèches soigneusement empilées pour former un dôme, ou coiffées d’un toit de tuiles, et que l’on connaît sous les noms de bories, bordes ou capitelles selon les régions, ponctuent aujourd’hui encore la promenade du randonneur. À l’origine, ces constructions avaient été édifiées pour servir de refuge, lorsque le lieu de travail (champ ou vigne) était trop éloigné du lieu d’habitation.

Petites sœurs de ces cabanes d’autrefois, les cabanes de chantier, véritables maisons mobiles déplaçables au gré des travaux, servent d’abris, de cabines de déshabillage, de cantines ou de bureaux sur les chantiers des routes en construction ou au cœur des villes lorsque l’on réalise des parkings par exemple.

Il existe d’autres types de cabanes utilitaires à mi-chemin de la cabane de métier et de celle de loisir. Ce sont par exemple les paillotes, ces restaurants de plage qui fleurissent à la belle saison sur le littoral, et leurs cousines plus modestes que sont les cabanes à frites, à crêpes ou à glaces. Ou encore les palombières, ces cabanes perchées des forêts landaises où les chasseurs de palombes guettent leurs proies. Ou encore les carrelets qui sont des cabanes de pêcheurs perchées sur pilotis pour la pêche au filet carrelet, et que l’on trouve sur le littoral girondin ou en Méditerranée. Certaines comme les cabanes tchanquées du bassin d’Arcachon, autrefois utilisées par les ostréiculteurs pour surveiller leurs parcs à huîtres, sont devenues aujourd’hui de simples mais très recherchés cabanons de vacances comme le sont également les chalets popularisés par le film 37°2 le matin tourné il y a une vingtaine d’années à Gruissan.
Parmi les cabanes dédiées aux loisirs, la cabane à outils du jardinier, en général aménagée au fond du jardin, ou encore le refuge de haute montagne, protection des randonneurs.

Enfin, on trouve aussi dans la grande famille des cabanes utilitaires les cabanes hygiénistes. La plupart ont disparu comme les cabinets d’aisances qui trouvaient place, avant la généralisation des sanitaires à l’intérieur des maisons et l’invention du tout-à-l’égout, dans un endroit retiré du jardin ou encore les cabines de bain qui servaient aux belles élégantes du 19e siècle à se dévêtir un peu et à s’avancer à l’abri des regards dans la mer. D’autres subsistent comme les cabanes de sauna, des bains de vapeur très populaires dans les pays du nord de l’Europe, notamment en Finlande.

Cabanes du monde
Pourtant, en Europe, la cabane n’a pas tout à fait disparu. Ainsi, le designer Philippe Starck a conçu il y a quelques années pour un groupe de vente par correspondance une maison de bois à monter comme un jeu de construction.
De plus, des sociétés se sont récemment développées qui proposent des cabanes perchées dans des arbres à de grands enfants rêveurs, comme l’aventurier Jean-Louis Étienne ou le photographe Yann Arthus-Bertrand. Ces cabanes de rêve sont très rares et destinées à durer. En revanche, le mobile home, la caravane ou la maison dite “à brûler après usage”, composée de matériaux bon marché comme le carton et le plâtre, constituent des “architectures” éphémères ou mobiles le plus souvent destinées aux vacances.
Mais dans de nombreux pays du monde, la cabane reste l’habitat traditionnel. Ainsi, la case africaine, qui peut être une hutte tressée en forme de dôme chez les Peuls, ou une construction de paille et de latérite mêlées, ou la maison de bambou du peuple toraja aux Célèbes, en Indonésie, ou encore les farés, ces constructions sur pilotis fréquentes dans les îles du Pacifique..., et tant d’autres.

La cabane au XXe siècle
Pour les architectes du 20e siècle, la cabane est un modèle de fonctionnalité et de simplicité. Ils s’en inspirent pour renouveler le langage de l’architecture.

Loger le plus grand nombre
“Autour de la cabane se mêlent les notions de passé — ou d’ailleurs, disparus ou inaccessibles —, de foyer et d’abri lié à une conception idéale — voire idyllique — du lien social, mais aussi de superposition parfaite entre les besoins et la fonction, la simplicité de l’une répondant sans détour, et sans retard, aux exigences de l’autre” .

Ce qui explique pourquoi la cabane, ou plutôt son procédé constructif clairement lisible, occupe une place centrale dans le développement des formes nouvelles de l’architecture du 20e siècle. C’est ainsi par exemple que les architectes éliminent tout le vocabulaire ornemental de l’architecture des siècles précédents. Lequel permettait de solenniser une construction. Ce qui a fait dire à l’architecte Adolf Loos : “L’ornement est un crime.” La simplicité et le caractère fonctionnel de l’espace architectural sont donc plébiscités. Il faut dire qu’après la Première Guerre mondiale il faut construire en masse pour une population en pleine explosion démographique.

Un nouveau langage
Mais la fonctionnalité revendiquée n’empêche pas la création architecturale. C’est ainsi que la cabane est au cœur des théories constructives de Mies van der Rohe qui rapproche hutte primitive et paquebot moderne dans sa conférence de 1923 devant l’Union des architectes à Berlin :
“Une cabane en feuillage : avez-vous vu quelque chose de plus approprié à sa fonction et de plus parfait du point de vue du traitement des matériaux ? Ceci n’est-il pas la transposition de l’ombre de la forêt vierge ? (...) Toutes les images que je viens de présenter correspondent rigoureusement aux besoins des habitants. Nous n’exigeons rien d’autre. Seulement des moyens de notre époque.”

La hutte et le paquebot sont donc deux modèles de création utilitaire fonctionnelle. Ils se rejoignent dans une même exigence entre finalité, construction et forme. La comparaison qu’il établit entre eux est fondée sur leur caractère originaire, leur pureté interne et surtout leur clarté évidente (il renoue là avec Laugier mais surtout avec Quatremère), tous critères de la “forme originaire” selon Mies. Le primitif et la technique moderne communient au même “néoplasticisme” qui ne veut pas reproduire la réalité mais la recréer en fonction d’un “ordre originaire”. Comme il l’écrit ensuite, c’est bien la transparence de la construction, sa clarté, sa fidélité à un besoin qui le séduisent dans la cabane : “La forme apparente de la construction stimule l’imagination vers de nouvelles évocations et formes. La hutte avec la technique fait souvent naître, au cours du chantier, des contenus esthétiques imprévus.” Cette esthétique du gros œuvre, qui s’oppose au romantisme des ruines, unit chez Mies la cabane de branchages à ses gratte-ciel à la structure apparente derrière un mur de verre. Une même clarté de construction les unit.
La maison Dom-Ino de Le Corbusier, qui joue comme le jeu éponyme du principe de lien et de renversement des formes, fait appel à une même clarté constructive. Mais, par sa structure, elle définit des espaces et non des murs. Elle devient logique d’espace et perd la dimension d’abri.”

L’importance de la nature
La cabane suppose une fonctionnalité évidente et implique également un rapport particulier à la nature.
Pour nombre d’architectes du 20e siècle, l’adéquation de la construction avec son environnement est fondamentale. L’architecte doit parfois faire preuve d’inventivité exceptionnelle et de virtuosité technique pour réaliser cette intégration de l’un à l’autre.
C’est notamment le cas de Franck Lloyd Wright. Il est l’un des premiers à créer encorbellements et terrasses pour ouvrir la maison sur la nature. Mieux, l’environnement est, pour lui, l’un des points forts de l’architecture. C’est le cas des “maisons de la prairie” qu’il construit à Chicago, sa ville natale. Ces constructions où prime l’horizontalité des lignes intègrent ainsi la pelouse comme élément constitutif de l’architecture même. Mieux, l’élément naturel ordonne l’architecture dans la célèbre “Fallingwater”, la maison de la cascade édifiée entre 1935 et 1939 pour Edgar Kaufmann à Bear Run, en Pennsylvanie aux États-Unis. La villa est construite sur les rochers au-dessus d’une cascade, ses vérandas et terrasses s’avancent sur le vide et la nature sauvage, la roche est omniprésente à l’intérieur de la maison. Une véritable “cabane” de Robinson fortuné et un geste architectural exceptionnel.

Les sans-abri
Si les architectes du 20e siècle cherchent à construire simplement, en utilisant au mieux les nouveaux matériaux à leur disposition dont l’un des mérites est leur industrialisation (charpentes métalliques, modules de béton armé...), c’est parce que la demande de logements augmente de façon exponentielle. Or, au milieu du siècle, beaucoup vivent encore dans des conditions inacceptables, parfois dans des abris précaires dénués de tout confort. Après la Seconde Guerre mondiale, en effet, les destructions consécutives aux bombardements ont mis de nombreuses familles à la rue. C’est ainsi que l’hiver 1954 l’abbé Pierre, fondateur des pèlerins d’Emmaüs, lance un appel afin de résoudre le problème des mal-logés en plein Paris. Une collecte lancée permettra de construire de nouveaux logements. Des architectes très engagés socialement, comme Jean Prouvé essaieront de trouver des solutions pour pallier l’urgence. Il imagine ainsi de petites habitations de 6 X 6 m. qui peuvent être montées en une journée et qui accueilleront de façon provisoire les mal-logés. Aujourd’hui la question des sans-abri n’est toujours pas réglée. Des milliers de personnes vivent encore dans la rue et dans des cartons. Les habitations mobiles amenées sur un lieu de catastrophe : inondation, tremblement de terre, explosion..., sont souvent occupées durant plusieurs mois. La précarité du logement n’a pas disparu.
Shigeru Ban, architecte japonais, a conçu une maison en carton, peu coûteuse et facile à monter, pour répondre en urgence aux besoins de logement des victimes de catastrophes naturelles.

L’art de la cabane
Celle des artistes
Peut-être parce qu’il renvoie aux origines de la civilisation, le thème de la cabane touche de nombreux artistes d’aujourd’hui. Ainsi l’appréhension de la cabane comme objet (ou installation) d’art leur permet d’initier une réflexion sur la place de l’homme dans le monde et d’abord peut-être dans la nature. C’est le cas de certains artistes, qui, comme Nils Udo, sont proches d’un mouvement artistique appelé Land Art.
La petitesse et la fragilité inhérentes à la cabane établissent sans doute aussi des passerelles avec la fugacité de la destinée humaine.
La part d’enfance comprise dans l’idée même que l’on se fait aujourd’hui de la cabane est aussi sans doute un exceptionnel support à l’imaginaire. Enfin cette unité minimale est aussi un point de départ à l’expression d’une création plastique qui prend tout particulièrement en compte les questions d’espace, de lieu, de fonction comme des besoins ou des désirs de l’être humain.

Des artistes et des cabanes
Nils-Udo est né à Lauf en Bavière (Allemagne) en 1937. Il est proche de ce mouvement artistique que l’on appelle le Land Art. Il s’agit pour lui de nouer un dialogue entre l’art et la nature. Ainsi il réalise des installations qu’il photographie ensuite. Nils-Udo décrit ainsi sa démarche : “Ouvrir l’espace concret, vivant et tridimensionnel de la nature. Avec l’intervention la plus minimale possible, mettre sous tension et transformer cet espace de la nature en espace de l’art...)”.
Absalon est un artiste israélien né à Tel-Aviv en 1964 et mort à Paris en 1993. Il crée, notamment, des cellules, un habitat minimal construit pour une seule personne.
Daniel Buren est né en 1938 à Boulogne-Billancourt. Il a fait partie d’un mouvement artistique des années 1970 connu sous le nom de Support-Surface. Ces artistes mettaient littéralement la peinture en questions, s’interrogeant sur sa surface (la matière picturale) et son support (la toile avec ou sans châssis). Daniel Buren se dote ainsi d’un “outil visuel”, un système de bandes verticales larges de 8,7 cm et alternativement blanches et colorées. Tout récemment il imagine des cabanes éclatées dans des châteaux, qui mettent en perspective l’espace du lieu et l’architecture.

Celle des enfants
Les cabanes de l’enfance constituent un espace de jeu, de découverte et d’aventures inoubliables. Elles sont aussi le refuge de l’enfant loin du regard des adultes mais néanmoins dans un environnement qu’ils maîtrisent. Qu’il s’agisse des cabanes à l’orée d’un bois au fond du jardin ou même de ces pimpantes maisons de toile qui font bien des heureux au moment de Noël.
Fort de ce rapport intime à l’enfance, la Mission de l’éducation artistique et de l’action culturelle (ministère de l’Éducation nationale) a initié, en 2001, avec l’Institut français d’architecture, une opération intitulée “Cabanes. Construis ton aventure”.
200 équipes constituées d’enseignants et d’intervenants spécialisés (architectes, artistes...) ont imaginé et réalisé avec des enfants des écoles maternelles et élémentaires leur cabane.



http://www.habiter-autrement.org/08.minimaliste/07_min.htm

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